

Couronnée Révélation de l’année au Gala de l’ADISQ 2022 et nommée dans la catégorie Album francophone de l’année aux Prix JUNO 2023, Ariane Roy s’inscrit dans cette nouvelle vague d’artistes qui redéfinissent la chanson québécoise. Suite à l’éclatante série de concerts Le Roy, La Rose et le Lou[p] qui a brillé partout dans la province dans les deux dernières années ainsi qu’à sa première tournée medium plaisir, elle revient sur scène avec son projet solo en nous présentant son deuxième album Dogue, co-réalisé avec Félix Petit. Avec la fougue qu’on lui connaît, elle se montre à nous cette fois sous des jours plus sombres, le verbe plus mordant, la voix plus caustique, dans une lumière résolument contemporaine. Dogue montre les dents, oui pour sourire, mais aux dépends de qui ? Peu nous importe puisque l’on ne peut résister à se coucher devant les crocs, espérant se joindre à la meute.
Ariane Roy sort les crocs sur Dogue, son deuxième album
Trois ans après la sortie de son premier album, Medium plaisir, Ariane Roy libère la bête qui sommeillait en elle avec Dogue, un deuxième opus qu’elle dévoile vendredi et dans lequel elle délaisse les guitares pour nous emmener dans une virée électronique aussi percutante qu’inattendue.
J’ai l’impression que c’est l’album que j’ai toujours voulu faire
, explique sans détour la chanteuse et musicienne de Québec à la veille de son 28e anniversaire et à quelques jours de la sortie de ce deuxième album, qui paraît vendredi sur l’étiquette La maison fauve.
J’ai parfois une fâcheuse tendance à me tanner rapidement de ce que je crée. Je respecte ce que j’ai fait avant, mais j’ai rapidement envie de passer à autre chose. Je me suis demandé de quelle façon je pouvais faire une cassure avec le premier album.
Dès les premières notes de la chanson-titre Dogue, cette cassure se fait évidente alors que la musicienne pose sa voix sur un rythme R’n’B suave et enivrant. La chienne se montre enfin
, chante-t-elle. Ce virage se poursuit sur plusieurs titres de l’album, comme I.W.Y.B. et sa rythmique deep house, et Âmes sœurs, un hommage tout en basses à son amitié de longue date avec Lou-Adriane Cassidy.
Si les chansons d’Ariane Roy ne sont jamais allées si droit au but, leur rythme est parfois brisé par des ruptures de ton dramatiques, comme lorsque la techno angoissante de Tous mes hommages est interrompue en plein milieu par un interlude baroque au clavecin.
Visiblement, Ariane Roy prend un grand plaisir à suivre ses instincts, aussi incongrus puissent-ils paraître à première vue. Ça ne m’intéresse pas particulièrement de faire deux fois la même chanson. J’ai besoin d’explorer
, résume-t-elle.
Un album extrêmement libérateur
Dogue, Agneau, Mordre… Autant de titres de chansons qui évoquent l’animalité, la relation proie-prédateur, voire l’agression. L’album comprend sa part d’autodérision, mais l’idée, c’était de laisser place à cette partie de moi plus animale, de mettre de côté cette partie qui est dans l’hésitation, la justification, la peur de déplaire
, explique la chanteuse.
C’est un album d’affirmation, pour le meilleur et pour le pire. Je pense qu’on ne passe pas par quatre chemins, autant dans la musique que dans les textes. C’était très satisfaisant et extrêmement libérateur.
Cette catharsis se réflète effectivement dans les paroles, qui abordent entre autres la reprise de pouvoir par le biais de ses charmes (Tous mes hommages), l’épuisement (Coule) ou l’étalage de vertu (Agneau). C’est la personne qui se croit douce comme un agneau, vulnérable, pure et candide, alors que c’est un loup qui s’ignore
, illustre Ariane Roy.
Changer « radicalement » sa façon de créer
Selon la chanteuse et musicienne, la direction musicale qu’a prise l’album est le fruit de ses influences du moment – elle cite Saya Gray comme sa muse pour cet album –, mais surtout de l’adoption d’un nouveau processus créatif. Sur Medium plaisir, les éléments électroniques venaient complémenter une base plus organique. Avec Dogue, les étapes étaient souvent inversées.
Au lieu de prendre ma guitare ou mon piano, je commençais souvent les chansons à partir de mon ordi. Je trouvais d’abord un beat de drum, une ligne de basse ou un ton de clavier
, explique-t-elle.
J’ai essayé de me sentir moins imposteur avec les logiciels comme Logic Pro [un logiciel de musique assistée par ordinateur]. Je pensais qu’il me manquait un peu de connaissances, mais j’ai été vraiment surprise. J’ai découvert tout un univers et ça a radicalement changé ma façon de créer.
Elle a été aidée dans cette nouvelle approche par Félix Petit, avec qui elle coréalise l’album. Le compositeur, réalisateur et saxophoniste est reconnu pour son flair musical, lui qui a notamment collaboré avec Hubert Lenoir, Les Louanges, Safia Nolin et Laurence-Anne.
Félix a une intelligence musicale impressionnante. Rapidement, j’ai eu l’impression que le match était génial artistiquement
, souligne Ariane Roy. Lysandre Ménard, Odile Marmet-Rochefort et Lou-Adriane Cassidy participent également à plusieurs chansons à titre de choristes.
Ariane Roy est déjà en répétitions pour présenter Dogue sur scène, dans un spectacle qu’elle annonce haut en couleur et en énergie. Elle entamera le 11 avril une tournée de plus d’un an au Québec, avec deux représentations en Europe.
Elle sera notamment en spectacle au Club Soda le 18 juin, à l’occasion des Francos de Montréal. Elle chantera aussi dans un concert célébrant les 30 ans de l’album D’eux, de Céline Dion.
– Charles Rioux de Radio Canada Info